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Le solaire populaire ... et pourtant

A chaque fois que l'on parle d'écologie, tout le monde parle du solaire!! « C'est l'énergie du futur, elle est inépuisable, zéro émission... ». J'ai même entendu un jeune diplomé affirmer que « comme le soleil allait grossir, il fallait s'y mettre dès maintenant ! ». Malheuseusement, ces belles idéologies ne sont que des idées reçues.

Le solaire populaire ... et pourtant

Tout d'abord, il y a deux énergies solaires : celle qui consiste à chauffer un fluide (le chauffage solaire) et celle qui consiste à produire de l'électricité (le photovoltaïque).

La première (production thermique) peut être efficace si l'on transporte les calories dans un périmètre proche, mais cela vient seulement en complément d'un système de chauffage déjà existant au cas où le soleil s'absente longtemps.
La deuxième (production électrique), celle dont tout le monde parle, est aujourd'hui, selon mes sources, inadaptée à la maison particulière.

En effet, même si les prix baissent et que les performances évoluent avec les progrès techniques, le générateur (ou panneau) photovoltaïque standard a un rendement de l'ordre de 10% dans les conditions optimales (jusqu'à 16 % pour les hauts de gamme). Ainsi pour 1000W de lumière, on produit seulement 100W. Et dès lors que le soleil est incliné, que le ciel est voilé ou que la température baisse, le rendement est très affecté. Il faut donc veiller à placer les panneaux plein sud, dans une zone dégagée, face à un ciel non-pollué, sans végétation, sans neige ... et au final, les capteurs fixes ne sont en condition optimale que quelques dizaines de minutes par jour !

D'autre part, une cellule photovoltaïque ne produit que du 0,5V en courant continu, il faudra presque 1 m² de cellules pour espérer recharger un téléphone mobile en veille! De plus, il faut compter encore 10% à 15% de perte si l'investisseur souhaite convertir en courant alternatif pour sa maison. En d'autres termes, il  faudra au moins 10m² en plein mois d'août pour faire fonctionner votre sèche-cheveux de 1000W.

Le pire dans cette technologie c'est que les cellules sont en série : de la même manière que 4 piles 1,5V en série équivaux à 6V, un panneau de 36 cellules va produire ~18V. Sauf que concernant l'intensité, cela ne s'ajoute pas : 4 piles de 2A en série équivaux à 2A ! Et si l'une des piles est vide, c'est équivalent à fermer un robinet sur un circuit d'eau : le débit s'arrête ! Ainsi, lorsque l'une des 36 cellules est à l'ombre, c'est tout le panneau solaire qui perd son activité.  

Concernant l'investissement, il faut compter entre 7500€ et 10000€ les 10m² (=1000kW/an), soit vu le faible coût du kilowatt, une ou plusieurs dizaines d'années pour amortir votre installation (les sons de cloches diffèrent selon les commerciaux), cela dépendant évidemment de votre situation géographique. Mais selon les données d'un professionnel* averti, il faut 35 ans pour amortir une installation à Paris (en incluant les aides) alors que la durée de vie moyenne d'un panneau est de 25 ans (en excluant les risques de foudre, non négligables vu le produit ) !!

A propos de « zéro émission », il ne faut pas oublier que la fabrication d'un panneau solaire se fait avec beaucoup d'énergie. Bien que le silicium (c.à.d. le sable) soit un matériau très répandu sur terre, la procédure de fabrication nécessite de le monter à très haute température pour le changer en gaz !


Enfin pour ce qui est du « grossissement du soleil », je me permets de rappeler qu'il faudra attendre quelques milliards d'années avant de pouvoir dire « tu sais fiston, à mon époque, le soleil était plus bien plus p'tit que maint'nant ... »

Maxime Bertault
Génie Industriel

 

Ps: cet article n'est pas "anti" énergie solaire. Son objectif est de mettre en évidence que chaque énergie renouvelable à ses qualité et ses défauts, et que chacune répond à un contexte d'utilisation. 

 * Le professionnel M. Yannick CHIRON de la société Héliose a été l'un des intervenants du mastère spécialisé DUAL DESIGN au sujet des énergies renouvelables (Solaire, Eau, Vent, Déchets) 

Article mis en ligne le 05-12-2006.

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